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A la croisée des transitions énergétique et écologique le secteur des infrastructures est résolument optimiste pour les années à venir. Bénéficiant des stimuli gouvernementaux et d’investissements privés massifs notamment en matière de décarbonation de la production d’énergies, les acteurs du monde des infrastructures et de la construction sont en marche vers un nouveau modèle de développement au centre duquel seront placés l’ESG et l’Innovation.

Pour réussir cette transformation, ils devront à la fois (i) maitriser la performance des projets qu’ils conduisent tout en intégrant l’ESG à toutes les étapes de leur élaboration, et, (ii) redonner sa place à l’humain dans une industrie ou l’innovation et le digital vont profondément changer la donne. L’attractivité et la fidélisation des talents devient ainsi un enjeu majeur pour la majorité d’entre eux, et ce, dans un contexte ou l’équilibre de vie et la recherche de sens sont devenus des critères incontournables de choix d’un employeur pour les jeunes générations.

Tels sont les principaux enseignements de la dernière enquête mondiale de KPMG sur le secteur des infrastructures et de la construction (Global Construction Survey 2023). Performance, ESG, Innovation sont les maîtres mots des tendances identifiées par près de 300 de ses acteurs qu’ils soient donneurs d’ordres ou entreprises.

1. Une croissance et une performance portées par la durabilité

Deux tiers des répondants sont optimistes quant aux perspectives de croissances du secteur avec une accentuation du côté des donneurs dont 76% pensent que le marché va croître dans les mois à venir (Exhibit 1). C’est le taux le plus haut jamais constaté depuis 13 ans date de la première Global Construction Survey. 

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Cette appréciation favorable qui se traduit dans les carnets de commandes peut être expliquer par plusieurs facteurs :

a. Des programmes gouvernementaux de stimulation économique qui partout dans le monde (Infrastructure Investments and Jobs Act aux USA, Indias’ Poduction Linked Incentives en Inde, ...) favorisent le financement des infrastructures mais aussi accompagnent des politiques de relocalisations industrielles souvent initiées dans un contexte de souveraineté économique comme cela est le cas pour les semi-conducteurs par exemple.

b. Des prix des énergies fossiles qui demeurent à des niveaux élevés et procurent des capitaux importants aux pays producteurs leur permettant de lancer des projets de développement pour préparer le post « oil » et d’en financer d’autres sur tout le globe principalement dans les énergies renouvelables.

c. Un réchauffement climatique qui implique des investissements colossaux dans la décarbonation de la production et la distribution d’énergies comme le montrent la relance du programme nucléaire français ou encore le plan Hydrogène initié par l’Union Européenne.

d. L’intégration de plus en plus fréquente de critères ESG dans le choix des projets financés par les fonds d’investissements, et ce, pour répondre soit à de nouvelles règlementations en la matière soit pour satisfaire les attentes de leurs investisseurs. 

Cependant, optimisme ne veut pas dire aveuglement, et face à la difficulté que les répondants ont à délivrer leurs projets dans les délais et les coûts initialement prévus (45% d’entre eux disent livrer + de 20% de leurs chantiers en retard ou plus chers – Exhibit 4), la prudence et la sélectivité demeurent de mise dans un environnement où les ruptures de de la chaine d’approvisionnement et l’inflation viennent fortement perturber les marges et les ROI attendus. 

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Pour réduire leurs risques (Exhibit 7), ils identifient trois pistes principales : (i) l’introduction, dans les contrats, de clauses particulières relatives aux ruptures des chaines d’approvisionnements (78%), (ii) l’ajustement au plus près des besoins en matière de matériels et d’équipements (83%), (iii) l’implémentation de nouveaux modes de construction dont la construction modulaire ou l’impression 3D (72%)

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2. L’influence grandissante de l’ESG

Alors que le secteur des infrastructures et de la construction est le deuxième en matière de d’émission de CO2 dans le monde, il doit se réinventer pour adresser le sujet de son impact sur l’environnement. Il doit également revoir son modèle « humain » pour favoriser l’émergence d’une inclusion et d’une diversité plus grande. La dynamique est en marche. En effet, 91% des répondants sont convaincus des effets favorables de l’introduction de l’ESG dans leur propre organisation et plus globalement dans leur stratégie (Exhibit 10).

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Ils en attendent (Exhibit 11) une meilleure réputation (48%) auprès de leurs parties prenantes à commencer par leurs clients mais aussi auprès de leurs collaborateurs actuels et futurs. Ils en attendent également un avantage compétitif (42%) et des projets plus sûrs et plus inclusifs (39%). Cela leur permettra enfin d’avoir un recours au capital plus facile et à un moindre coût ce qui n’est pas neutre dans une industrie où les marges demeurent tendues. 

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Pour y arriver, les dirigeants du secteur ont identifiés trois leviers prioritaires (Exhibit 12) : la réduction du GES -  gaz à effet de serre dans les process de production et d’exploitation des ouvrages (31%), l’existence d’une offre de produits et services décarbonée (37%), une politique active d’inclusion et diversité (28%).

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Sur ce dernier point et plus largement sur le sujet de l’attractivité et de la fidélisation des talents, le secteur doit relever un défi majeur : répondre aux attentes des nouvelles génération. Plus de sens, plus d’impact sociétal, moins d’impact environnemental. L’équation est complexe mais doit être résolue rapidement à peine de voir une industrie prospère mais sans talent et donc voué à la décroissance.

Cela fait donc partie des top priorités des acteurs du monde des infrastructures et de la construction : il faut que les regards changent sur leurs métiers, sur la façon dont ils le « managent », sur la manière de l’organiser. Pour cela un seul moyen : l’action et la transformation des modèles de développement en plaçant « l’humain » au centre. 

3. Une indispensable course à l’innovation

La précédente publication de KPMG « Construction 2030 » posait déjà cet axiome il y a quelques mois : c’est en devenant des « digital company » qui placeront l’innovation à côté de l’ESG et au cœur de leur stratégie que les acteurs du secteur vont parvenir à relever les défis qui s’imposent à eux.  Le défi de la performance en premier lieu. Le défi de la décarbonation de leurs activités. Le défi de la transition écologique. Le défi des talents. Il y en d’autres mais ceux-là sont primordiaux.

Excellente nouvelle, ils sont au rendez-vous. En effet (Exhibit 16), alors que l’analyse de données (89%) et le BIM (75%) sont utilisées fréquemment ou régulièrement par les répondants,  ils sont déjà un peu plus de la moitié (46%) à avoir recours à un système intégré de gestion de projet. Ils sont également près de 3 sur 4 à utiliser des drones pour contrôler l’avancement des projets qu’ils mènent et la qualité de leur exécution.

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Par ailleurs, si l’on compare avec 2021, l’émergence de l’IA sous la forme par exemple des jumeaux numériques ou encore du management des données, est une tendance profonde. Ainsi l’IA  est utilisée dans 37% des projets alors que ce n’était que 29% deux ans auparavant. Nul doute que ce phénomène va s’accélérer avec l’avènement de l’IA générative et l’augmentation exponentielle des capacités de calcul et de traitements des données.

Une des autres innovations dont le ROI attendu (Exhibit 17) a le plus progressé depuis 2018 est la construction modulaire hors site. 31% des répondants la citent comme étant une solution porteuse de performance. Parce qu’elle permet de réduire l’empreinte au sol d’un projet et donc son impact sur la biodiversité, parce qu’elle est plus économe grâce à la standardisation du design, parce qu’elle augmente la sécurité sur les chantiers, pace qu’elle prémunit contre les ruptures d’approvisionnements, parce qu’elle diminue les émissions de  carbone, cette innovation devient petit à petit essentielle pour beaucoup d’acteurs. Ainsi, près d’un tiers d’entre eux pensent l’utiliser dans les 5 ans (Exhibit 19) dans plus de la moitié des projets qu’ils conduisent alors qu’ils sont seulement 14% aujourd’hui (Exhibit 18). 

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Un avenir radieux à conditions de relever les défis d’une génération

Sans nul doute, et l’étude GCS 2023 le montre bien dans toutes ses dimensions, le secteur des infrastructures et de la construction connait un momentum inédit. Alors que son avenir à long terme parait favorable voir enviable il est confronté à des enjeux de transformation majeure qu’il a peu l’habitude de mettre en œuvre.

ESG, Innovation, Talents forment les contours de la « Révolution » que le secteur conduira dans les prochaines années pour demeurer dans le « jeu » et accompagner le monde dans sa transition écologique et sociétale. Ses acteurs, notamment les plus importants sont déjà en chemin et entraineront à leur suite, les organisations de plus petites tailles. Cette spirale vertueuse vers PLUS (de sens et de performance) de MOINS (de carbone et de prélèvements de ressources naturelles) se mettra progressivement en place assurant ainsi leur développement et leur pérennité DURABLES !



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